Backstage : mon propre parcours

L’histoire personnelle d’une expatriée

Histoire personnelle d'une expatriée

Je suis d’habitude plutôt discrète sur ma vie personnelle, mais j’ai bon espoir qu’en partageant mon histoire personnelle en tant qu’expatriée, cela résonne et raisonne en vous…

Je suis éblouie

Littéralement. Pas comme dans “c’est magnifique, je suis éblouie”. Non, juste comme dans “je me suis prise la lumière dans les yeux, je ne vois plus rien”. 

Nous sommes un vendredi soir sombre et froid de début décembre, à l’heure de l’apéro, et mon conjoint vient de m’annoncer qu’on lui propose de partir en expatriation à Singapour. 

Nous sommes ensemble depuis moins de deux ans, nous revenons d’un magnifique voyage au Japon en amoureux, et la veille, nous avions décidé sur le ton de la boutade d’avoir un enfant. Et ce soir, il m’annonce que nous avons le week-end pour réfléchir. Je suis sous le choc, éblouie au sens propre et au sens figuré. Je ne sais même pas situer précisément Singapour sur une carte. Alors on commence par là, à regarder sur une mappemonde. Mais je vous assure que lorsque l’on n’y voit rien, ce n’est pas pratique 🙂

Quatre mois plus tard

Un des premiers beaux week-ends de printemps. Je suis de nouveau éblouie, mais cette fois par les flashs des photos à la sortie de la mairie. Nous venons de nous marier, en hâte (mais avec hâte!), car ce sera plus simple pour la “conjointe suiveuse” que je vais devenir. Nous partons nous installer à Singapour dans un mois. 

Mi-août

Mon conjoint a commencé son travail et moi je suis assise au milieu de mon nouvel appartement, dans un pays que je ne connais pas encore, dont je ne maîtrise pas bien la langue (vive les cours d’anglais qui remontent au lycée…). Cette fois je suis éblouie par tant d’inconnu. Ça donne presque le vertige. Nous avons toujours ce projet de bébé, et tant mieux car nous avons appris entre temps que pour une histoire compliquée d’assurances je ne pourrais pas travailler. Je viens de démissionner d’un travail que j’adore, de quitter une société qui m’a vue grandir et dans laquelle je me suis investie comme si c’était mon propre business. Un travail passionnant et dévorant à la fois qui m’a bien occupée ces 10 dernières années. Et aujourd’hui je suis là, assise dans mon salon, paralysée par le vide qui m’entoure: vide d’activité, de relation (et les mois d’été ne sont pas les meilleurs pour s’intégrer au sein d’un milieu expat, car beaucoup sont en vacances “au pays”!). Vide de projet aussi. Comment vais-je remplir mon temps? Je suis un peu jeune pour une pré-retraite et pas encore assez déprimée pour accepter ce terme d’”housewife” inscrit sur mon visa…

Trois ans plus tard

Toujours à Singapour. Je suis allongée dans un lit d’hôpital et je suis éblouie, cette fois par tant de beauté. Je suis en admiration devant mon enfant qui vient de naître. Comment avons-nous pu concevoir une merveille aussi parfaite? Et bien… nous avons mis 3 ans. Il a fallu tout ce temps pour que notre souhait se réalise, et croyez-moi, c’est long. 3 ans d’attente et d’espoir, d’incompréhension et de découragement parfois. 3 ans de vide, de creux, mais aussi de rebondissement. Même si j’étais sans activité, je n’ai pas chômé (ah ah). Nous avons finalement pu trouver une solution avec l’assurance pour que je puisse travailler. Je me suis investie dans une association comme si c’était mon job à temps plein et cela m’a permis de développer mon réseau professionnel, grâce auquel j’ai pu finalement être repérée et recrutée. 

Et me voilà maman. Alors que je n’y croyais plus. Dans un pays beaucoup moins généreux que la France en termes de congé maternité, il m’a fallu choisir entre garder mon emploi et m’occuper de mon enfant. Après tout ce temps à l’avoir désiré, je n’ai pas hésité longtemps. Me voici donc avec cette nouvelle étiquette de “mère au foyer” que je n’accepte pas beaucoup plus que celle d’housewife. Et je suis de nouveau “sans emploi” (avec toute l’ironie de ce terme quand on s’occupe à temps plein de ses enfants…).

20 mois plus tard

Saut dans le temps, retour au moment présent.  Nous apprécions toujours notre vie à Singapour et nous avons pleinement conscience que c’est un environnement propice pour le développement des enfants. Le nôtre est en crèche depuis quelques mois et commence déjà à baragouiner quelques mots en anglais. J’ai retrouvé un équilibre de vie et j’ai même le luxe d’avoir du temps pour moi (enfin!). Je sens que c’est le bon moment pour me remettre en selle professionnellement. Oui mais voilà, Singapour ne m’attend pas. Et j’ai perdu une part de mon  énergie. De ma motivation. De mon réseau aussi. Bref, je suis de nouveau éblouie par le challenge qui m’attend: rebondir professionnellement… 

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4 Comments

  1. Wahou ! Quel témoignage de vie !
    J’ai lu cet article comme si je lisais un livre … super bien écrit … hâte de lire la suite 🤗

  2. Merci d’avoir partagé ce bout de ton histoire avec nous !

    Je pense que chaque femme qui devient mère peut se reconnaître dans ces contradictions : avoir de l’ambition sans laisser de côté l’amour ; ne pas se reconnaître dans l’étiquette de « mère au foyer » mais avoir besoin de s’occuper de son enfant.

    Et puis, le temps passe, et le monde ne nous attend pas. Il va falloir aller le chercher ! 😉

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